Un grand chien dans un petit corps

potala

L’épagneul du Tibet est profondément imprégné par son origine monastique. Sa robustesse et son caractère particulier sont indispensables pour survivre au Tibet. Un pays des montagnes de l’Himalaya altitude 3'500 à 5’000m. où les longs hivers glaciaux et des étés courts et chauds se succèdent.

La race en elle-même est séculaire. Par comparaison, à peine 100 ans se sont écoulés depuis l’introduction de son élevage en Europe, ce qui ne représente que peu de temps. Les fans de cette race tinrent à la maintenir telle qu’à l’origine, dès le début de l’élevage jusqu’à nos jours. Aujourd’hui nous trouvons un grand nombre de tibbies en Scandinavie.

En dehors de tous les autres animaux, le chien joue un rôle central exceptionnel dans le bouddhisme tibétain. La légende dit que Bouddha lui-même était accompagné par plusieurs petits chiens qui, en cas de danger, pouvaient se transformer en lions. Une autre légende raconte que les moines qui rompaient un voeu se réincarnaient par conséquence en chien dans leur vie prochaine. De là cette expression « aller vers le chien ».

Seng-khyi, le « lion des neiges » est une figure centrale de la mythologie tibétaine. Il a une très forte ressemblance avec l‘épagneul du Tibet : une allure « carrée », des pattes puissantes, une crinière abondante et une queue portée sur le dos. Deux lions des neiges sont d’ailleurs aussi représentés sur le drapeau tibétain.

Ils avaient plusieurs fonctions. Ils étaient assis sur des points élevés, en tant que veilleurs. Ils annonçaient l’arrivée des étrangers. Ils alarmaient ainsi les grands Do Khyi qui entraient alors en action et assumaient leur fonction de protecteurs. Ils avaient aussi un devoir religieux et mythologique comme gardien, nécromancien, mascotte chanceuse ou talisman.
Enfin, et non de moindre importance, les moines tibétains se servaient des épagneuls tibétains comme de coussins chauffants vivants. Ils se tenaient les uns contre les autres, blottis dans les longues manches larges, pendant les heures interminables de méditation dans les salles froides où l’on se réunissait.

Il est aussi rapporté que Sa Sainteté le Dalai Lama est lui-même toujours entouré des chiens tibétains, même sur son emblème on retrouve ces chiens lions des neiges ayant le même aspect que les épagneuls.


Pendant des siècles, on ne pouvait acheter ces petits chiens du Tibet. Ils sont toujours considérés comme des porte-bonheur et ne sont offerts qu’aux bons amis ou à titre de marque de respect. Le Dalai Lama lui-même a offert en cadeau ces chiens si spéciaux et fantastiques aux grands de ce monde.

C’est comme cela qu’on le retrouve tout au long de la route de la soie. Probablement c’est Marco Polo qui en a rapporté lors de ces voyages pour les hautes dames de la société on pense que c’est ainsi que les premiers sont arrivés en Europe et ont influencé l’élevage des races naines.

Ensuite, les premiers chiens tibétains sont arrivés avant 1900 en Europe, depuis l’Inde qui était alors encore sous protection britannique. C’est au cours de l’expédition militaire du Colonel Younghusband, en 1904, que les chiens apparurent, parmi eux quelques épagneuls tibétains de pure race.

Mais déjà dans les années 1880, Mrs McLaren Morrison emmena quelques nouvelles races de chiens en Grande-Bretagne, dont des épagneuls tibétains. Yetzo fut le premier épagneul tibétain à être présenté lors du Crufts Dog Show, en 1898. Ce mâle est aussi le père de toutes les portées issues de « Sikkim » qui furent enregistrées pendant l’année 1895.

Cette première tentative d’élevage fut interrompue par la première guerre mondiale. Il n’y avait pratiquement plus d’épagneuls tibétains.
En Inde, les Britanniques poursuivirent l’élevage canin selon les critères européens. La Dresse Nancy Greig travaillait en tant que médecin dans le Nord de l’Inde. Dès 1926, elle ramena en Angleterre, des épagneuls tibétains qu’elle avait reçus, à titre d’honoraires, de la part de ses patientes. Les avis divergent quant à l’origine des races tibétaines. Mme Greig raconte que ces petits chiens suivent les moines partout, même dans leurs pélerinages dans des conditions climatiques difficiles. Ils sont considérés comme “les fous du roi“, des petites mascottes, des talismans, des protecteurs à tous les niveaux. Ils prennent également part aux rituels et aux méditations.

Les Tibétains les appellent les „little people“, les petits hommes. En tant que connaisseur des chiens, on parvient toujours à la conclusion qu’il y a là beaucoup de vrai. Le concept de chien ne rend pas justice à ces petits tibétains. Dans la littérature, ils sont toujours décrits comme un mélange entre chiens, chats et singes.

Il existe un système d’échange entre les éleveurs dans toute l’Europe.

Dans son pays d’origine, l’épagneul tibétain a dû développer une résistance accrue à l’hiver. En fonction de cela, il est aujourd’hui encore résistant et sain. L’épagneul tibétain peut vivre jusqu’à l’âge de 18 ans et devenir plus âgé encore.


"Texte tiré du livre: Un grand chien dans un petit corps de Birgit Primig"